L'allergie oculaire : Causes, Symptômes et Traitements

Introduction

L'allergie oculaire, ou conjonctivite allergique, est une inflammation de la conjonctive due à une réaction excessive du système immunitaire face à des allergènes.
Ce trouble très fréquent peut être saisonnier ou perannuel et altérer significativement la qualité de vie des patients. 

Causes et Facteurs Déclenchants

L’allergie oculaire est une réaction d’hypersensibilité de type 1, impliquant la libération d’histamine par les mastocytes en présence d’un allergène. Les principaux allergènes impliqués sont :

• Les pollens : responsables des conjonctivites allergiques saisonnières.
• Les acariens : en cause dans les allergies perannuelles.
• Les squames animales : provenant des chats, chiens et autres animaux domestiques.
• Les moisissures : présentes dans les environnements humides.
• Les produits chimiques et cosmétiques : maquillage, solutions pour lentilles de contact.

Symptômes

Les manifestations cliniques varient selon la forme de conjonctivite allergique mais incluent généralement :

• Prurit intense (démangeaisons oculaires)
• Rougeur conjonctivale (hyperhémie)
• Larmoiement excessif
• Photophobie (sensibilité accrue à la lumière)
• Sensation de corps étranger
• Chémosis (gonflement de la conjonctive)

Différentes Formes Cliniques

1. Conjonctivite allergique saisonnière (CAS)

Elle est la plus courante, apparaissant au printemps et en été, causée par les pollens. Elle s'accompagne souvent d'une rhinite allergique.

2. Conjonctivite allergique perannuelle

Elle se manifeste tout au long de l'année et est due aux acariens, aux poils d'animaux ou à la poussière.

3. Kératoconjonctivite vernale (KCV)

Forme plus sévère touchant principalement les enfants et jeunes adultes, souvent associée à l'asthme ou la dermatite atopique.

4. Kératoconjonctivite atopique (KCA)

Forme chronique et plus grave, souvent présente chez les adultes ayant une dermatite atopique.

5. Conjonctivite papillaire géante

Elle survient chez les porteurs de lentilles de contact ou après une chirurgie oculaire (post-cornéoplastie par exemple).

Diagnostic

Le diagnostic repose sur :

• L’anamnèse : interrogatoire sur la saisonnalité, les antécédents allergiques.
• L’examen clinique : recherche de papilles conjonctivales, rougeur, chémosis.
• Les tests allergologiques : tests cutanés (prick-tests) ou dosage des IgE spécifiques.
• L’examen des larmes : test de la lactoferrine, cytochimie des cellules conjonctivales.

Traitement

Le traitement repose sur plusieurs approches combinées :

1. Éviction des allergènes

• Limiter l’exposition aux allergènes connus.
• Utiliser des filtres à air et éviter l’aération en période de pollinisation.
• Changer fréquemment les draps et nettoyer les tapis pour réduire les acariens.

2. Traitement Médicamenteux

• Collyres antihistaminiques (olopatadine, azélastine) pour soulager rapidement les symptômes.
• Stabilisateurs des mastocytes (cromoglycate de sodium, nédocromil) pour prévenir les récidives.
• Corticoïdes locaux en cas de formes sévères (fluorométholone, loteprednol).
• Anti-inflammatoires non stéroïdiens (kétorolac) en traitement complémentaire.
• Antihistaminiques oraux en cas de symptômes associés (rhinite, asthme).
• Immunothérapie spécifique dans certains cas sévères, réalisée par désensibilisation aux allergènes.

3. Traitements Complémentaires

• Larmes artificielles pour diluer et éliminer les allergènes.
• Compresses froides pour réduire l’inflammation.
• Éviter le frottement des yeux pour limiter l’aggravation des symptômes.

Complications possibles

• Surinfection bactérienne due aux frottements répétés.
• Kératopathies (ulcérations cornéennes dans les formes sévères).
• Baisse de l’acuité visuelle en cas d’atteinte cornéenne importante.
• Effets secondaires des corticoïdes : risque d’hypertension oculaire et de cataracte en cas d’utilisation prolongée.

Conclusion

L’allergie oculaire est une pathologie fréquente qui peut altérer la qualité de vie si elle n’est pas prise en charge correctement.
Une bonne prise en charge repose sur une approche combinée comprenant l’éviction des allergènes, l’utilisation de collyres adaptés et, dans certains cas, une désensibilisation.
Une consultation ophtalmologique est recommandée pour poser un diagnostic précis et éviter toute complication.