
Introduction
Être parent est une aventure extraordinaire, mais c’est aussi un parcours semé d’embûches. Entre les nuits écourtées, la charge mentale écrasante et les exigences du quotidien, la colère peut rapidement monter.
Beaucoup de parents se sentent coupables de s’énerver contre leurs enfants, mais il est essentiel de comprendre que la colère est une émotion normale, souvent le reflet d’un stress accumulé. Plutôt que de la subir ou de la réprimer, il est possible d’apprendre à la gérer efficacement.
Pourquoi les parents se mettent-ils en colère ?
La colère parentale ne naît pas de nulle part. Elle résulte d’un déséquilibre entre les attentes et les ressources disponibles.
Voici les principales sources de stress qui peuvent déclencher la colère :
- Charge mentale et fatigue : L’accumulation des tâches quotidiennes, associée au manque de sommeil, crée un état d’épuisement propice aux explosions émotionnelles.
- Attentes irréalistes : Beaucoup de parents se mettent une pression immense pour être parfaits et répondre aux standards sociétaux. Or, aucun parent n’est parfait.
- Comportements difficiles des enfants : L’immaturité émotionnelle des enfants (caprices, crises, opposition) peut être perçue comme une provocation alors qu’il s’agit d’un besoin d’accompagnement.
- Inégalités dans le couple parental : 86 % des mères estiment assumer une charge domestique et éducative plus importante que les pères, ce qui alimente la frustration et le ressentiment.
- Manque de temps pour soi : Lorsqu’on est constamment tourné vers les besoins des autres, il devient difficile de gérer ses propres émotions.
Les conséquences de la colère non maîtrisée
Lorsqu’elle n’est pas bien gérée, la colère peut impacter négativement la dynamique familiale :
- Sur les enfants : Un parent en colère envoie un message de danger. L’enfant peut alors développer du stress, un sentiment d’insécurité ou une peur de s’exprimer.
- Sur le couple : L’accumulation de tensions peut mener à des conflits fréquents et détériorer l’alliance parentale.
- Sur le parent lui-même : Après une explosion de colère, vient souvent la culpabilité, ce qui alimente un cercle vicieux difficile à briser.
Comment mieux gérer la colère ?
Plutôt que de se focaliser sur l’évitement total de la colère, ce qui est irréaliste, l’objectif est d’adopter des stratégies pour la réguler efficacement.
Prendre de la distance immédiatement
Quand vous sentez la colère monter, éloignez-vous de la situation, même si ce n’est que quelques secondes. Vous pouvez :
- Sortir de la pièce si c’est possible.
- Vous tourner et fixer un point précis pendant quelques instants.
- Vous concentrer sur un geste répétitif (serrer un objet, toucher vos doigts un à un).
- Stopper l’escalade en pleine crise
Parfois, on ne peut pas quitter la situation. Dans ce cas, appliquez ces techniques :
- Parlez plus lentement et moins fort : Cela aide votre cerveau à reprendre le contrôle.
- Utilisez des mots neutres : Dire « Je vais respirer un instant » plutôt que « J’en peux plus ! » évite d’envenimer la situation.
- Imitez un comportement calme : Même si vous ne vous sentez pas apaisé, agir comme si vous l’étiez envoie un signal apaisant à votre cerveau et à votre enfant.
Modifier le quotidien pour prévenir la colère
La gestion du stress parental passe par des ajustements au quotidien :
- Rééquilibrer la charge mentale en famille : Si vous sentez que vous faites plus que l’autre parent, en parlez calmement permet d’éviter les rancoeurs.
- Accepter l’imperfection : Un enfant qui pleure ou qui refuse de dormir ne signifie pas que vous êtes un mauvais parent.
- Créer des moments pour soi, même courts : 5 minutes de pause peuvent faire toute la différence.
Renforcer l’alliance parentale
Le stress diminue lorsqu’on se sent soutenu par son partenaire :
- Évitez les reproches et privilégiez les demandes claires : « J’ai besoin d’aide pour… » plutôt que « Tu ne fais jamais rien ! »
- Prenez un moment de décompression ensemble chaque jour : 10 minutes pour parler d’autre chose que des enfants.
Apprendre à réparer après une crise
Si vous avez crié, il est important de rétablir le lien avec votre enfant :
- Reconnaissez vos émotions sans culpabiliser l’enfant : « J’étais fatigué(e) et je me suis mis(e) en colère. Je vais essayer de mieux gérer la prochaine fois. »
- Rassurez l’enfant : Il doit comprendre que votre amour est toujours là, même après un moment difficile.
La colère parentale n’est pas un échec, c’est un signal. Plutôt que de la combattre, il est plus efficace d’apprendre à l’accueillir et à la transformer en une réponse plus adaptée.
En réajustant le quotidien, en travaillant l’alliance parentale et en adoptant des stratégies concrètes pour désamorcer la tension, il est possible de retrouver un climat familial plus serein. Rappelez-vous : un parent qui prend soin de lui est un parent qui prend soin de son enfant.
Références
Matuzac, C., & Blanc, R. (2022). La gestion du stress au sein du couple lors de la transition à la parentalité : quelles stratégies mettre en place ? Devenir, 34(2), 177-196. https://doi.org/10.3917/dev.222.0177
Maillot-Collet, M., & Baeza-Velasco, C. (2022). Stress parental, alliance parentale, partage des tâches et stratégies de coping chez les mères et les pères de jeunes enfants, évalués lors de la Covid-19. Devenir, 34(2), 161-175. https://doi.org/10.3917/dev.222.0161
Mikolajczak, M. (2015). Chapitre 1. Du stress d’être parent… Dans Roskam, I., & Mikolajczak, M. (dir.), Stress et défis de la parentalité (pp. 13-39). De Boeck Supérieur. https://doi.org/10.3917/dbu.rokam.2015.01.0013